Premier cours de cette année sur l’un de nos ateliers de robotique, à l’école privée de Brechbühl de Genève.
Les élèves rentrent dans la classe après s’être lavé les mains. Je dispose avec enthousiasme un petit carton sur chaque table. Les élèves s’installent et m’observent de façon intriguée. Ils s’attendaient probablement à voir des robots partout. Et les ordinateurs sont tous éteints! Que se passe-t-il ? Ce cours est-il une blague ?
Je leur souhaite la bienvenue puis demande (feignant l’interrogation) la raison de ces boites. Ils sont encore sur la retenue, mais envisagent de premières hypothèses. Les plus intrépides se lancent et nous sommes partis pour un mitraillage de propositions et de contrepropositions.
Je souris et m’assois devant eux. J’ouvre une boite méticuleusement et place chaque élément qu’elle contient devant moi. J’observe du coin de l’œil le regard dubitatif de mes élèves et leur demande d’ouvrir leur boite. C’est un instant d’onomatopées diverses et variées qui tentent de transmettre leur émerveillement et leur surprise.
Alors qu’ils arrivent sur la fin du déballage, je prends une pièce devant moi et demande à quoi peut bien servir cet élément que je tiens entre mes doigts. Servomoteurs, bus, joysticks, contrôleur, carte mère, alimentation… Chaque élément qui constituera leur assemblage robotisé est soumis aux esprits curieux des élèves. Ils imaginent et découvrent la fonction des éléments et apprennent avec surprise que la plupart de ces pièces font partie de leur quotidien; qu’il s’agisse d’une console de jeu, d’un ordinateur, d’une caisse enregistreuse ou bien encore d’un feu rouge.
Les premiers cours sont passés. Nous avons débuté l’assemblage, pièce après pièce. Une occasion unique pour comprendre en profondeur comment fonctionne un objet robotisé. Une application concrète des concepts mathématiques étudiés de façon théorique à l’école. Une symphonie pour les kinesthésiques qui se réconfortent au toucher de la matière. Une agréable mélodie pour les visuels qui apprécient tant les manuels d’assemblage. Des cours passionnants pour les esprits curieux qui aiment faire par eux-mêmes. Des moments de discussion uniques pour les plus bavards qui, malgré eux, entrainent tout le groupe dans des échanges passionnés. Une atmosphère qui parvient à mettre à l’aise tous les élèves tandis que nos doigts sont occupés à visser ces petits boulons qui glissent comme des savonnettes.
J’ai eu le plaisir d’animer cet atelier plusieurs fois, tant auprès d’enfants que d’adultes. Chaque fois, la magie a opéré. Peut-être parce qu’il n’y a pas d’écrans ? Peut-être parce que nos esprits sont libres pendant que nos mains sont occupées ? Peut-être encore parce que nous sommes tous autour d’une table ? Je ne sais pas.
Pour chaque élève cette année, cet atelier sera une fois encore l’occasion de développer ses compétences personnelles, sa patience, sa persévérance et sa capacité de collaboration sans s’en apercevoir. Une occasion unique d’aborder les technologies sans écrans. Et surtout, l’occasion de partager mille-et-un sujets autour de la table lorsque nous continuerons nos assemblages.
Vers la fin d’année, lorsque les assemblages mécaniques et électroniques seront achevés, nous commencerons l’apprentissage de la programmation et le téléversement du programme final sur la carte mère (avec un écran cette fois!).
Et pour le tout dernier cours de l’année, chaque élève aura bien mérité de repartir avec son propre bras robotisé, assemblé et programmé de A à Z durant toute l’année !
