L’informatique a-t-elle sa place à l’école ?
Je regrette que l’informatique ne soit pas encore reconnue comme une matière fondamentale, au même titre que le français ou les mathématiques.
Après bientôt une quinzaine d’années à enseigner l’informatique, je crois pourvoir affirmer combien l’étude de ce domaine est enrichissante pour chaque élève, le développement de leur intellect, leur gestion émotionnelle ainsi que leur compréhension de notre univers.
L’informatique ? Qu’est-ce que c’est ? De la bureautique ? Du divertissement ? Une science ?
Chez les parents que je rencontre, une confusion reste relativement présente dans la vision qu’ils ont de cette matière. Une majorité pense qu’apprendre l’informatique revient à apprendre à utiliser un tableur, à faire des recherches sur internet ou à écrire des lettres. Et une minorité pensent que l’informatique ne devrait tout simplement pas être étudiée à l’école, car, je cite, « il y a déjà beaucoup d’écrans à la maison ».
Les rendez-vous de parents ou les soirées d’information font donc partie de mes moments préférés, car ces échanges sont l’occasion de démystifier cette matière, d’apporter des réponses concrètes aux parents et de montrer combien ce domaine ne se résume pas qu’aux écrans.
Pour commencer, il est essentiel d’envisager l’étude de l’informatique au-delà d’un cursus purement pratique visant à la formation de futur·e·s programmeur·euse·s. L’apprentissage de l’informatique doit être plus global, plus holistique et être davantage comparable à une « école de la vie » qui valorise la curiosité, l’esprit critique, l’effort, la rigueur, la collaboration et la compréhension de systèmes complexes.
Dès le plus jeune âge, des travaux autour de la logique booléenne mise en pratique avec l’informatique ainsi que le développement de la pensée computationnelle offrent des occasions extraordinaires pour le développement intellectuel de l’enfant dans son ensemble.
Distinguer l’informatique en tant qu’outil et l’informatique en tant que science
Les premiers éléments à clarifier sont les objectifs d’enseignement, les intentions pédagogiques et le contrat didactique. En raison de mon expérience en classe, j’ai conscience que l’informatique est une matière qui peut être difficile à appréhender, car ses applications sont vastes et ses dérives vers l’amusement et le divertissement faciles.
Je souhaite en premier lieu interroger l’objectif que nous avons, en tant que professionnel·le·s de l’enseignement, envers les élèves.
« Un esprit sain dans un corps sain » · Juvénal
Tout comme un verre d’eau peut suffire à aborder Archimède, l’informatique peut être abordée avec un crayon et du papier. Il est fondamental d’envisager l’informatique comme une science applicable dans le quotidien et non comme un outil purement applicatif. En effet, l’étude de sa systémique, de sa logique tout comme l’approche transversale de domaines latéraux tels que l’économie, la justice, l’éthique, les neurosciences ou encore l’histoire sont essentielles pour permettre aux élèves d’avoir une vision cohérente, critique et bien construite des possibilités et des limites qu’offre l’informatique. C’est pourquoi je suis convaincu que l’apprentissage de l’informatique doit se faire par une approche plus scientifique, expérimentale et transversale plutôt que purement pratique et technique.
Soutenir l’art de la remise en question
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » · Rabelais
Je pense pouvoir aussi affirmer qu’une approche philosophique, éthique et préventive du domaine est aussi indispensable. Car l’usage de l’informatique au quotidien (notamment le web et les réseaux sociaux), en raison de l’exploitation commerciale et publicitaire, amène les élèves à être confrontés, dès leur plus jeune âge, à des dangers évidents. Des menaces qui peuvent être anticipées en classe par des activités de prévention qui serviront les élèves pour leur quotidien actuel et à venir. Tout particulièrement en cette période où l’intelligence artificielle est omniprésente et ses applications encore floues et incertaines.
Proposition d’un programme d’enseignement
Quelques indications
- Les âges ainsi que les degrés indiqués sont donnés à titre indicatif, car ce programme peut être commencé plus tard qu’à 4-8 ans et le premier cycle de primaire.
- Chacune des étapes de 1 à 12 peut aussi individuellement être étalée sur un programme en plusieurs années, selon le temps d’étude des élèves et leur niveau.
- Suivre les étapes de 1 à 12 est important, quel que soit l’âge des élèves.
- Chaque thème abordé doit faire l’objet de rappels durant l’étude des thèmes suivants.
Publications complémentaires
En suite à cet article, je réaliserai une série de publications qui apporteront des cas pratiques pour compléter le programme d’enseignement joint à cet article.
